Avec « FVTVRVM » [non-latinistes, lire Futurum], les Naive New Beaters signent un album aussi dansant que surprenant d’émotion et de profondeur.
Très attendu depuis le « Fun Hours » de 2019, ce 5ème opus du groupe né il y a 15 ans déjà s’articule comme une vaste fresque à la fois punchy et sentimentale, sorte de péplum rétro-moderne ancré dans l’histoire et lorgnant vers le futur.
Après 4 albums à l’ADN fun et délire, dont le génial Heal Tomorrow Feat. Izia de « À La Folie » a forgé la légende (single de diamant – 50 millions de streams), le trio déjanté connu pour ses lives explosifs (Vieilles Charrues / Glastonbury / Benicàssim) et ses clips endiablés s’aventure ici dans un registre moins léger, illustré par un envoûtant The Sun en ouverture. Signe de ce renouveau, les NNB s’autorisent des intros plus longues et des structures plus libres, moins calibrées, où les synthés prennent des libertés.
Si leur science du catchy est toujours omniprésente et fédératrice, délivrant une généreuse dose de bonne énergie, ce second souffle s’exprime aussi dans la créativité musicale. Certains morceaux vont ainsi puiser dans les racines rock, tandis que d’autres s’appuient sur une musique « expérimentale » et une modernité délivrée par un son plus abouti, un ton plus grave, qui croone. D’un titre à l’autre, ce cocktail aussi éclectique qu’électrique distille des saveurs inattendues.
Tantôt hyper solaire sur « Ye Kou Si Kuo », un featuring afro beat disco avec l’orchestre béninois Star Féminine Band et ses choeurs enfantins, tantôt très pop et explosif avec « Dancing » ou « Rising Above », « FVTVRVM » offre aussi des morceaux plus deep, sentimentaux, capables de filer la chair de poule, comme « The Sun » ou encore « All Good For Me ». Formidables conteurs et irrépressibles amuseurs, les NNB déroulent tout au long des 12 titres de l’album une histoire qui se joue sur de multiples tableaux.
Confidents et intimistes lorsqu’ils évoquent la peur de s’ouvrir vraiment dans l’entraînant « Love Scares », ils se muent en lanceurs d’alerte face au défi écologique dans le très dance années 80 « Such a Waste », en humoristes maniant le double sens avec malice dans « My Precious Jewel », puis finissent par un atterrissage en douceur avec l’autobiographique « Started As A Joke ». Passant d’un style à l’autre, d’un monde à l’autre, « FVTVRVM » est un ovni rétrofuturiste aussi étonnant que séduisant, gorgé d’hymnes tubesques aux refrains imparables, preuve que le groupe n’a pas fini de faire chavirer les fans de bandes originales.